L’année 2015 aura été marquée par des évènements dramatiques dans le monde entier, tout particulièrement en France. Elle aura aussi connu des sursauts citoyens étonnants et des réactions collectives de solidarité qui sont porteurs pour l’avenir.
Outre une situation sociale et de l’emploi difficile dans notre pays, les guerres, et, plus encore sans doute, la dégradation du climat de la planète, ont constitué en 2015 des sources majeures de tensions, de montée des intolérances et des peurs. Ces facteurs continueront à alimenter pendant longtemps des migrations de personnes qui chercheront la sécurité pour leurs proches.
Dans ce contexte, l’accompagnement des plus démunis est un impératif toujours plus prégnant dans lequel, en complément de l’action politique, la société civile doit prendre toute sa place et en particulier les associations sociales comme la nôtre.
Notre responsabilité est de maintenir, construire ou reconstruire le vivre ensemble partout où celui-ci est dégradé ou en danger. Les pouvoirs publics, qu’il s’agisse de l’Etat ou des collectivités territoriales, le reconnaissent. Nous avons le souci de mener cette tâche dans un esprit collectif, en concertation avec les autres associations concernées.
Enfin, nous avons à cœur de développer, par notre action, la citoyenneté des personnes en situation d’exclusion en leur donnant la parole. Nous tentons également de promouvoir l’engagement citoyen en suscitant l’implication de bénévoles, et l’accueil de jeunes en service civique. Trois d’entre eux ont eu une mission au sein de l’association en 2015, dont l’un a permis la mise en ligne du présent site internet. Dans le même esprit, nous avons travaillé, avec quelques étudiants, à l’intégration de bénévoles dans nos actions.
Nous continuerons dans cette voie en 2016, dans le droit fil de notre projet associatif qui indique dans son préambule :
L’association tient à contribuer à la mise en œuvre d’actions pour corriger les situations d’exclusion : son intervention relève de l’économie sociale et solidaire, qu’elle estime particulièrement pertinente et adaptée à l’action sociale.
Elle entretient une capacité autonome d’analyse des processus de l’exclusion et de l’impact des politiques publiques : elle porte témoignage, sensibilise et est force de proposition auprès de l’opinion et des responsables politiques.
Des pouvoirs publics, nous attendons avant tout une véritable écoute, un langage de vérité et de confiance, ainsi que le maintien des ressources financières des associations qui contribuent au lien social et à l’insertion par l’emploi. Nous souhaiterions sortir de dispositifs d’évaluation parfois trop tatillons, qui mobilisent temps et énergie au détriment de la réflexion et de l’innovation sociale, au profit d’évaluations partagées et régulières.
Parmi les nombreux défis à relever par notre association en 2016, certains sont stratégiques car ils visent à la fois à mieux répondre aux besoins et à améliorer les conditions d’exercice de leurs missions par les salariés de l’association.
• L’évolution de nos actions d’hébergement d’insertion et de logement accompagné : un travail de fond a été engagé fin 2015 sur l’ensemble de nos actions relevant de ce champ d’action afin de pouvoir proposer aux personnes accompagnées en premier lieu, mais également aux pouvoirs publics et à nos partenaires, des modalités d’intervention qui répondent mieux encore aux besoins d’aujourd’hui.
• Le départ de notre service « Le Relais » et des hébergements C.H.R.S. des locaux municipaux du 6 boulevard Carnot, de moins en moins adaptés à nos actions. Cet enjeu est en lien avec le précédent mais aussi avec le suivant.
• Le regroupement, si celui-ci s’avère possible tant techniquement que budgétairement, de nos bureaux amiénois dans les locaux du 21 rue de Sully. Un projet d’aménagement du site est en cours d’étude.
• Mais cette volonté de regroupement est associée à une préoccupation de renforcement de notre implantation sur l’ensemble du territoire samarien. Les résultats des élections régionales mettent clairement en évidence le sentiment d’abandon des territoires où vivent les ménages les plus pauvres. Notre association doit donc montrer son engagement au service des exclus par une présence renforcée sur l’ensemble du département.
Nous allons nous appuyer sur l’antenne de l’association située rue Messager à Amiens Nord pour que différents services de l’association puissent y tenir des permanences.
En 2016, en même temps que la Pension de famille d’Abbeville, qui ouvrira au plus tard en janvier 2017, l’OPH d’Abbeville construit des bureaux pour l’antenne abbevilloise de notre association qui confirmeront notre engagement dans l’accompagnement des personnes en situation d’exclusion en Picardie Maritime.
Il convient sans doute également d’envisager la création d’une antenne associative dans l’est du département.
Mais 2016 est également une année importante pour d’autres actions de l’association :
• L’accueil et l’accompagnement des Gens du voyage : cette action de l’association est aujourd’hui fragilisée par son isolement et une insuffisance de considération du travail des intervenants de terrain. Les évènements qui se sont déroulés à ROYE en 2015 laissent entrevoir la difficulté du travail auprès des Gens du voyage. Assurer une gestion la plus paisible possible des aires implique un véritable partenariat. En 2016 doivent être renouvelés les marchés de gestion des aires d’accueil d’Amiens Métropole et des terrains familiaux de la ville d’Amiens. Nous souhaitons poursuivre l’action entreprise par l’association depuis 15 ans dans le cadre d’une concertation renforcée. Quelles seront les attentes et les priorités des collectivités ? La cohérence et la continuité de notre engagement se traduiront par ailleurs par le lancement de la construction, à Amiens, de 7 logements adaptés pour des Gens du voyage sédentarisés, projet retenu dans le cadre d’un appel à projets national.
• L’insertion dans l’emploi : en 2014 et 2015, nos Ateliers Chantiers d’Insertion ont connu une activité soutenue, en grande partie du fait de leur contribution à la réhabilitation de la Pension de famille Hélène Lockert. 2016 devra donc être une année de consolidation de l’activité avec un développement de marchés extérieurs à l’association car sans production nous ne pouvons pas mettre les salariés en situation de travail réelle et l’insertion professionnelle ne peut que s’en ressentir. La qualité du travail effectué sur le chantier Hélène Lockert, la prospection faite en 2015, la mise en ligne du site Internet, le flocage des véhicules de la Direction de l’Insertion, toutes ces actions permettent d’entamer 2016 avec un optimisme mesuré mais fondé.
Au quotidien, tant auprès des détenus en placement extérieurs, que des jeunes orientés par la mission locale et des réfugiés,… nous constatons l’enjeu essentiel que constitue l’accès à l’emploi des personnes que nous accompagnons. En fin 2015, grâce à un cofinancement du F.S.E. et à un projet relatif à l’accompagnement social et professionnel des réfugiés retenu au plan national, nous avons mis en place un second poste de chargée d’insertion professionnelle. Ce poste est nécessaire et nous devons nous assurer de son financement dans la durée pour accompagner vers la formation et l’emploi un effectif moyen de 60 salariés en insertion.
Dans un cadre inter associatif, sous l’égide de la FNARS et avec 3 autres associations d’insertion de la Somme, nous souhaitons renforcer ce qui constitue le « maillon faible » de nos dispositifs d’accompagnement vers l’emploi : le lien avec les entreprises classiques, d’une part pour mieux connaître leur besoins d’emploi et de qualification, et d’autre part pour qu’elles ouvrent plus grand leurs portes aux salariés en insertion (en période d’immersion comme en sortie de leur parcours d’insertion). Nous candidaterons pour ce faire à un appel à projets national « Médiation pour l’Emploi » en espérant que le projet présenté par la FNARS Picardie (et les 4 associations d’insertion prêtes à s’engager dans ce projet) soit retenue en février prochain.
Au-delà de ces deux actions qu’il importait de mettre en évidence en ce début d’année 2016, beaucoup d’autres vont continuer à évoluer en 2016 : l’accueil des demandeurs d’asile avec une nouvelle extension de notre Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (104 places depuis la fin 2015 et sans doute 120 au printemps 2016), l’accueil de réfugiés dans le cadre de la relocalisation des réfugiés aujourd’hui bloqués en Italie, en Grèce ou en Turquie (principalement), notre implication dans le logement accompagné de jeunes bénéficiant du dispositif Garantie Jeunes à Abbeville.
Le bureau et l’équipe de direction de l’association APRÉMIS sont engagés dans ces projets, sont déterminés à les faire aboutir avec l’ensemble des salariés, des administrateurs, des volontaires en service civique, des bénévoles mais aussi avec la contribution des personnes accompagnées, en partenariat constant avec toutes les associations qui partagent nos valeurs et avec le soutien attentif et actif des pouvoirs publics.
Et ils vous souhaitent une heureuse et citoyenne année 2016.