CONTEXTE SANITAIRE ET SOCIAL
Bien que les dispositions sanitaires de confinement mises en place par le gouvernement afin de contenir la propagation du virus soient nécessaires pour le bien de tous, elles ont des effets négatifs sur les publics les plus vulnérables (personnes isolées, en situation précaire, ayant des problématiques de santé comme les addictions ou les difficultés psychologiques/psychiatriques…), mais aussi sur les publics avec des problématiques spécifiques comme les gens du voyage, les personnes issues de l’asile, et les personnes placées sous mains de justice.
Il faut donc être vigilant pour éviter qu’à la pauvreté et l’exclusion s’ajoutent un risque sanitaire ainsi qu’une crise sociale majeure pour ces personnes. En effet, cette crise sanitaire du coronavirus accentue nettement les inégalités sociales.
La vigilance, la solidarité et l’entraide sont les seuls moyens de soutenir les plus précaires durant cette période.
L’APRÉMIS S’ORGANISE
Ces mesures nous impactent toutes et tous personnellement, et nous amènent également à devoir adapter nos méthodes de travail et à modifier notre organisation. La réalité de cette crise sanitaire complexifie considérablement notre travail au quotidien et l’accompagnement que nous effectuons auprès des personnes en difficultés. Notre principal objectif étant de maintenir un lien avec les personnes que nous accompagnons au quotidien, et prévenir autant que possible les situations de détresse sociale, sanitaire et psychologique.
Dans ce contexte inédit, l’APRÉMIS adapte son fonctionnement en privilégiant le télétravail de ses équipes, quand cela est possible (sauf urgence ou situation particulière des pensions de famille). L’accompagnement des personnes se poursuit par le biais d’appels téléphoniques quotidiens.
Des relais et des solidarités inter-services au sein de l’association se sont mis en place car nous devons également protéger nos équipes et faire face à une baisse des effectifs des salariés en raison des gardes d’enfants, et à des difficultés d’équipement en masques, gants et gels hydro-alcoolique.
UNE CRISE SOCIALE
Les principales difficultés rencontrées dans l’accompagnement de nos publics sont les suivantes :
- Difficultés pour le maintien de l’accès aux soins des personnes accompagnées.
- Difficultés de réapprovisionnement alimentaire et de produits d’hygiènes, en particulier pour les personnes en hébergement collectif et pour celles en situation d’isolement géographique.
- Difficultés pour certains publics, principalement en hébergement collectif, de respecter le confinement et les consignes sanitaires, et difficultés d’encadrement de ces publics dans ce contexte de confinement.
- Soutien psychologique pour les personnes isolées.
Notons également que les publics spécifiques se retrouvent confrontés à d’autres incertitudes, d’autres impacts et d’autres modalités de suivi.
Le public issu de l’asile
L’objectif est d’éviter des impacts supplémentaires sur le secteur de l’asile et les droits des personnes étrangères. Les mesures mises en place sont les suivantes :
- Limiter les déplacements inter-urbains. Dans ce contexte l’État a demandé à l’OFII de ne plus faire d’orientations nationales, afin de réattribuer les places libres pour les besoins locaux.
- La validité des documents arrivant à échéance après le 16 mars sera automatiquement prolongée de 3 mois (visa de séjour, autorisation provisoire de séjour, attestation de demande d’asile, récipissé de demande de titre de séjour…)
Le public placé sous-main de justice
Les impacts sont les suivants :
- Les visites aux parloirs et rencontres individuelles (organisées par notre service relais enfants parents) sont suspendues.
- Les mesures de réparation pénales mineurs sont suspendues
- Les formations professionnelles et le travail pour les détenus en placement extérieur sont également suspendus pendant cette période.
- Les nouveaux accueils de personnes en placement extérieur ne s’effectuent pas dans des conditions optimum.
Les salariés en insertion
La majorité des salariés en CDDI sont confinés chez eux.
- Activité très réduite pour les ACI Menuiserie et Bâtiment en appliquant de manière impérative les mesures barrières et surtout de distanciation sociale, ce qui passe par une réduction des effectifs à 1 ou 2 salariés en CDDI par encadrant technique (pour un effectif total de 24 salariés).
- Des chantiers qui ont été arrêtés, en particulier ceux qui se déroulent chez des particuliers dans des logements occupés. Des clients ont d’ailleurs demandé l’arrêt de chantiers.
- Des difficultés d’approvisionnement en matériaux même si la majorité des fournisseurs professionnels s’organisent pour tenter d’assurer l’approvisionnement des entreprises.
- L’arrêt des mises en situation professionnelle de l’ensemble des salariés de l’ACI Multisite auprès d’Amiens Métropole (43 salariés).
- Les formations et les périodes d’immersions sont toutes suspendues pendant cette période.
- Un accompagnement socioprofessionnel quasi quotidien est réalisé par téléphone par les chargées d’insertion pour garder un lien étroit avec les salariés confinés, pour la plupart seuls et isolés.
Les gens du voyage
Les Gens du Voyage ont un mode de vie qui les rend plus vulnérables au contexte épidémique. Même si bon nombre avait anticipé la restriction des déplacements et commencé à prendre ses dispositions pour s’établir sur un terrain de confinement (aire d’accueil ou terrain privé), ils rencontrent néanmoins des difficultés spécifiques liées à leur statut :
- Le confinement est plus compliqué sur une aire d’accueil que pour les sédentaires en maison.
- Ils subissent la fermeture des structures de domiciliation et de distribution du courrier.
- Sans carte bancaire et les guichets de la Poste fermant tour à tour, un grand nombre se retrouve sans liquidité.
- L’activité est stoppée pour l’ensemble des auto entrepreneurs (marchés, services aux particuliers, …).
- La gestion des aires d’accueil est en service minimum, les contacts s’opèrent à distance, avec une suspension des encaissements des droits de place et fluides.
MESURES SOCIALES MISES EN PLACE PAR LE GOUVERNEMENT
Le 17 mars, réunissant les acteurs de la solidarité, le Ministre du logement a estimé que dans le contexte actuel, « Il faut inventer de nouvelles solidarités et c’est en ce sens que nous travaillons avec des associations, des collectivités et des entreprises pour identifier des solutions d’hébergement supplémentaires […] ou pour appuyer la distribution de denrées alimentaires. »
Dans un communiqué de presse du 20 mars , le gouvernement a annoncé que la solidarité nationale devait se poursuivre, surtout pendant cette période, et que le versement des aides sociales et la continuité des droits seraient garantis.
200320_CP_Coronavirus_Les_aides_sociales
La DDCS de la Somme, en lien avec la banque alimentaire, travaille sur un plan d’action pour s’assurer de la distribution alimentaire dans la durée auprès des publics accueillis.
La DDCS de la Somme a ouvert, en lien avec la Croix Rouge, un centre d’hébergement spécialisé sur Amiens, permettant d’accueillir des personnes malades (non grave) dont le confinement est rendu difficile. Ce centre ouvrira ses portes à l’Auberge de Jeunesse d’Amiens. Avec l’UDAUS elle a également ouvert un accueil de jour pour les personnes hébergées généralement dans des asiles de nuit mais qui passent leur journée à l’extérieur.
Le Ministère de la cohésion des territoires a recommandé de « faire preuve de tolérance sur les durées de séjour et les paiements de redevance » sur les aires d’accueil pour les gens du voyage.
Dans son communique du 23 mars 2020, le conseil scientifique mis en place auprès de la Présidence de la République a souligné la nécessité d’un accompagnement des personnes en situation de précarité.