« A l’aube de la soixantaine, mon avenir est plus derrière moi que devant. Et pourtant! […]
2016, mes 2 dernières condamnations venaient de tomber, mais déjà depuis 3 ans, une remise en question s’opérait déjà. Je ne voulais plus être le menteur, voleur, braqueur, dealer, je ne voulais plus que ma fille voit en moi un père mauvais -bien qu’elle ne m’ait jamais jugé-, je ne voulais plus être loin de mon petit- fils qui lutte encore pour rester en vie en combattant une leucémie insidieuse, vicieuse.
J’avais entendu parler d’une association sur Amiens : Aprémis qui sous certaines conditions offre un accompagnement en placement extérieur plutôt que d’attendre une sortie sèche qui pour moi aurait été une catastrophe, une récidive assurée.[…]
C’est le Juge de l’Application des Peines qui m’a annoncé que l’association avait donné un avis favorable à ma demande et qu’il m’accordait le placement extérieur à compter du 27 juin 2017. Depuis, j’ai déjà parcouru un long chemin et mes attentes ont étés comblées. J’ai un CDDI renouvelable et j’aime mon travail. Je suis agent polyvalent en Espaces Verts, délégué à la ville d’Amiens. J’ai la chance d’être hébergé en plein centre-ville, dans un petit studio douillet, je m’y sens bien.
Bien sûr, il y a des obligations à respecter, qui pour moi ne sont pas des contraintes, c’est un contrat signé par les deux parties : Aprémis et moi, et je suis encore sous autorité judiciaire à qui il faut rendre des comptes : emploi du temps, travail, paiements des parties civiles, frais de justice et amendes, injonctions de soins psychologiques ce qui est mon cas. […]
Dans quatre mois, mon placement extérieur prendra fin, je n’ai pas de crainte quant à mon avenir, ayant traité en amont les différentes possibilités après la libération
J’ai souhaité faire un témoignage de façon spontanée, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, remercier l’association Aprémis de m’avoir fait confiance, de m’avoir donné toutes les armes pour repartir d’un bon pied. Aussi pour parler de réinsertion, qui ne peut être réussie que si le détenu a auparavant la volonté de vouloir tourner la page. On ne peut être dans le déni, la dissimulation si l’on veut s’en sortir. Il faut être dans la sincérité, la clarification.
Une réinsertion réussie coûte moins chère à l’état qu’une récidive agressive renforcée par l’envie de vengeance, de « se refaire ». A l’heure des restrictions budgétaires, il est certain que les associations d’insertion ne pourront mener à bien les objectifs réalisés par le passé si les subventions ne font que décroître entraînant des suspensions de postes et diminuant ainsi les possibilités de réinsertion de détenus. Aussi, je pense qu’il est nécessaire de porter l’accent sur l’importance des aides financières qu’elles soient locales, départementales ou européennes afin que perdure l’action menée par des associations comme Aprémis. »
(Témoignage d’une personne accompagnée en placement extérieur).
Ci-dessous le rapport d’activité complet 2017 du placement extérieur à l’Aprémis:
Rapport d’activité 2017Placement Extérieur APREMIS